Mercredi 01 Juin 2022
Le Dr Raynaud-Lévy est Présidente de MCOOR (association nationale des médecins coordonnateurs du médico-social) et médecin coordonnateur de l'EHPAD communal de Cassis (13).
1/ Comment fonctionne la prévention des infections en EHPAD ?
Le médecin coordonnateur d'EHPAD, une obligation légale depuis 1999, est responsable de la formation des personnels, ainsi que de la réalisation et la mise en oeuvre des procédures de prévention des infections au sein de l'établissement. Néanmoins, un quart des EHPAD français n'en dispose pas, selon la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees). Dans ce cas, si l'EHPAD est public et rattaché à un hôpital, il pourra travailler avec le CLIN de l'établissement. S'il est privé (commercial ou non) et rattaché à un groupe, il s'appuiera sur les procédures de son institution, organisées par le directeur médical. S'il est isolé, la charge reviendra le plus souvent à l'infirmière coordonnatrice, en plus de ses fonctions habituelles, et sans formation spécifique, menant parfois à des situations catastrophiques lorsque les précautions standard ne sont pas respectées.
2/ Quel est le circuit pour faire appel à l'expertise en infectiologie ?
Lorsqu'il y a besoin d'un avis médical ou d'une expertise clinique, les équipes des EHPAD font appel aux médecins traitants qui suivent habituellement les résidents. En cas d'urgence vitale, elles font appel au SAMU. Ces professionnels mobilisent ensuite leur propre réseau d'experts (infectiologue, …) autant que de besoin. Il est aussi possible de solliciter le réseau des hygiénistes (CLIN), ou les équipes mobiles gériatriques de l'hôpital de rattachement, elles-mêmes en lien avec leurs collègues infectiologues, ainsi que les équipe des CPIAS. Les relations peuvent être formalisées, comme c'est le cas chez nous, au sein d'une convention, par exemple avec le laboratoire de biologie médicale, pour faciliter l'accès au diagnostic en précisant les délais, procédures et modalités pratiques, ou encore avec le CLIN de l'ES de proximité. Depuis 2003, tous les EHPAD doivent passer une convention avec un centre hospitalier, mais ces derniers n'ont pas toujours de service expert en infectiologie ou biologie. La mise en place ou le développement par la SFGG (société française de gériatrie et gérontologie) de hotlines gériatriques lors de la pandémie a permis d'améliorer le maillage territorial. Les gériatres qui y participent sont en lien avec des infectiologues et peuvent donner un avis clinique expert et une conduite à tenir en cas de patient infecté. A terme, le développement des CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé), qui formalisent souvent des réseaux préexistants incluant professionnels de ville et de l'hôpital, pourrait garantir l'existence d'un accès à l'expertise pour tous.
3/ Votre approche du risque infectieux a-t-elle changé depuis la crise covid ?
Chez nous à Cassis, dans la pratique quotidienne, peu de choses ont changé car nous étions déjà en lien étroit avec le CLIN de l'hôpital de La Ciotat, avec lequel nous partageons une direction commune. Pour d'autres, la nouveauté a été la création et la pérennisation des hotlines, avec des retours très positifs et le développement de nouveaux réseaux. Plus généralement, la crise a permis le rapprochement de professionnels des différentes disciplines et statuts. La crise nous a poussés à partager avec les équipes de biologie toutes les questions relatives au matériel de prélèvement, et aux délais et modalités de rendu des résultats. Nous avons dû gérer ensemble de nombreuses émergences de Clostridium. Certains établissements ont développé des relations différentes avec la médecine du travail, dans le cadre d'actions de prévention et de vaccination. Les liens avec les pharmaciens ont également évolué. Toutes ces nouveautés ont été tellement constructives, y compris en termes de soutien et de solidarité, qu'elles ne resteront pas sans suite.
Liens hypertextes : https://www.mcoor.fr/, https://sfgg.org/, https://www.fcpts.org/
1/ Comment fonctionne la prévention des infections en EHPAD ?
Le médecin coordonnateur d'EHPAD, une obligation légale depuis 1999, est responsable de la formation des personnels, ainsi que de la réalisation et la mise en oeuvre des procédures de prévention des infections au sein de l'établissement. Néanmoins, un quart des EHPAD français n'en dispose pas, selon la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees). Dans ce cas, si l'EHPAD est public et rattaché à un hôpital, il pourra travailler avec le CLIN de l'établissement. S'il est privé (commercial ou non) et rattaché à un groupe, il s'appuiera sur les procédures de son institution, organisées par le directeur médical. S'il est isolé, la charge reviendra le plus souvent à l'infirmière coordonnatrice, en plus de ses fonctions habituelles, et sans formation spécifique, menant parfois à des situations catastrophiques lorsque les précautions standard ne sont pas respectées.
2/ Quel est le circuit pour faire appel à l'expertise en infectiologie ?
Lorsqu'il y a besoin d'un avis médical ou d'une expertise clinique, les équipes des EHPAD font appel aux médecins traitants qui suivent habituellement les résidents. En cas d'urgence vitale, elles font appel au SAMU. Ces professionnels mobilisent ensuite leur propre réseau d'experts (infectiologue, …) autant que de besoin. Il est aussi possible de solliciter le réseau des hygiénistes (CLIN), ou les équipes mobiles gériatriques de l'hôpital de rattachement, elles-mêmes en lien avec leurs collègues infectiologues, ainsi que les équipe des CPIAS. Les relations peuvent être formalisées, comme c'est le cas chez nous, au sein d'une convention, par exemple avec le laboratoire de biologie médicale, pour faciliter l'accès au diagnostic en précisant les délais, procédures et modalités pratiques, ou encore avec le CLIN de l'ES de proximité. Depuis 2003, tous les EHPAD doivent passer une convention avec un centre hospitalier, mais ces derniers n'ont pas toujours de service expert en infectiologie ou biologie. La mise en place ou le développement par la SFGG (société française de gériatrie et gérontologie) de hotlines gériatriques lors de la pandémie a permis d'améliorer le maillage territorial. Les gériatres qui y participent sont en lien avec des infectiologues et peuvent donner un avis clinique expert et une conduite à tenir en cas de patient infecté. A terme, le développement des CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé), qui formalisent souvent des réseaux préexistants incluant professionnels de ville et de l'hôpital, pourrait garantir l'existence d'un accès à l'expertise pour tous.
3/ Votre approche du risque infectieux a-t-elle changé depuis la crise covid ?
Chez nous à Cassis, dans la pratique quotidienne, peu de choses ont changé car nous étions déjà en lien étroit avec le CLIN de l'hôpital de La Ciotat, avec lequel nous partageons une direction commune. Pour d'autres, la nouveauté a été la création et la pérennisation des hotlines, avec des retours très positifs et le développement de nouveaux réseaux. Plus généralement, la crise a permis le rapprochement de professionnels des différentes disciplines et statuts. La crise nous a poussés à partager avec les équipes de biologie toutes les questions relatives au matériel de prélèvement, et aux délais et modalités de rendu des résultats. Nous avons dû gérer ensemble de nombreuses émergences de Clostridium. Certains établissements ont développé des relations différentes avec la médecine du travail, dans le cadre d'actions de prévention et de vaccination. Les liens avec les pharmaciens ont également évolué. Toutes ces nouveautés ont été tellement constructives, y compris en termes de soutien et de solidarité, qu'elles ne resteront pas sans suite.
Liens hypertextes : https://www.mcoor.fr/, https://sfgg.org/, https://www.fcpts.org/